Delphine Virte est ingénieure conduite d’essai chez Areva. Dans le cadre de la semaine dédiée aux femmes ingénieures, elle revient sur sa formation et sa carrière e femme ingénieure.
18 Novembre 2014 | Romain Proton | 1 commentaires
J’ai obtenu un Bac s option mathématiques. J’ai toujours aimé les sciences et la technique : des études d’ingénieurs me semblaient donc évidentes. J’ai fait une Prépa MP (maths physique) durant 2 ans à Nancy. Avec le recul et si j’avais été mieux conseillée et mieux informée, j’aurai sûrement choisi une autre prépa, plus petite, moins prestigieuse et avec des professeurs plus accessibles et plus proches des élèves. J’ai longtemps cru que sans intégrer Polytechnique ou l’Ecole Centrale de Paris, je n’arriverais à rien. C’est une erreur. J’ai eu du mal avec l’esprit concurrentiel qui régnait en prépa et la pression exercée autour des concours dès les premières semaines. Lorsqu’on a 18 ans et qu’on sort tout juste du lycée et du cocon familial, ce n’est pas toujours facile à vivre.
Après ces deux ans de prépa, j’ai passé 3 concours : celui des Mines, celui de Centrale et le CCP (concours commun polytechnique) qui regroupe plusieurs écoles. J’ai choisi une des écoles du concours CCP : l’ENSEEIHT (École nationale supérieure d'électrotechnique, d'électronique, d'informatique, d'hydraulique et des télécommunications) qui appartient à l’INP Toulouse. Au sein de cette école, on choisit directement sa spécialité en première année. J’ai opté pour la spécialité « Hydraulique et mécanique des fluides ».
Les nombreux débouchés et les applications concrètes de cette formation dans les domaines de l’énergie et du bâtiment notamment m’ont séduit. Diplômée d’un bac +5, j’ai effectué mon dernier semestre en Erasmus à Hambourg. Je recommande vivement à tous les étudiants de partir à l’étranger. Les programmes Erasmus rendent cela très abordables financièrement. Personnellement, ce séjour à l’étranger a conditionné la suite de mon concours et m’a donné une réelle ouverture d’esprit, essentielle au métier d’ingénieur à mes yeux.
Une fois diplômée, j’ai trouvé mon premier emploi chez Areva à 23 ans. J’avais même signé mon contrat avant la fin de l'année, sous réserve de l'obtention de mon diplôme. Il s'agissait de sécuriser le contrat à l'avance . C’est en effet un des avantages d’être une femme ingénieure qualifiée : de nombreuses portes s’offrent à nous et il n’y a plus qu’à choisir. Un vrai luxe lorsque partout autour de nous on entend parler de crise !
J’ai commencé chez Areva à Paris au poste d’ingénieur d’études dans les bureaux. L’essentiel de mon travail consistait à faire des calculs de sûreté : des simulations d’accident à l’échelle de la chaudière nucléaire. Cela était en parfaite continuité avec mes études autour de la mécanique des fluides.
Quatre ans après, j’en ai eu marre de faire des calculs et j’ai eu envie de quitter la France. Lorsqu’on m’a proposé un poste en Finlande, toujours chez Areva, j’ai accepté immédiatement. En Finlande, j’étais Ingénieure commissioning sur le chantier de construction d'une centrale neuve. Ce poste était très orienté technique et outil. J’étais très souvent sur le terrain et je réalisais divers essais sur les chantiers. J’étais en contact direct avec les mécaniciens, les tuyauteurs et les clients. Ce poste combinait tout ce qui me plaisait. Cela m’a également permis de perfectionner mon niveau d’anglais, d’acquérir un vocabulaire très technique et d’apprendre à gérer les différences culturelles. Bien sûr, au début j’étais un peu perdue puis très vite j’ai appris sur le tas. Etre ingénieure, c’est beaucoup apprendre sur le tas. On ne sait rien en sortant de l’école. C’est d’ailleurs tout l’intérêt du métier d’ingénieur : on apprend en permanence !
En 2014, après trois ans d’expérience en Finlande, je suis revenue chez Areva en France. Je suis aujourd’hui Ingénieure d’essai dans la maintenance des centrales nucléaires françaises en exploitation. Je réalise par exemple des essais sur les parties des centrales qui ont été modifiées afin de m’assurer que les procédures qualité et sécurité sont respectées.
J’aime apprendre de nouvelles choses en permanence. Le plaisir de la découverte guident toutes mes journées. L’honnêteté et l’intégrité sont des valeurs clés à mes yeux. Il faut savoir demander lorsqu’on n’a pas compris, il faut oser admettre ses erreur, il ne faut pas avoir peur d’avouer qu’on ne sait pas tout.
Mes horaires sont très variables. En général, lorsque je suis au bureau, je fais 8h - 18h. La culture du présentéisme, bien qu’elle se dissout un peu, est encore très présente dans les bureaux d’ingénieurs. Lorsque je travaille sur les chantiers, c’est très différent. Chacun sait ce qu’il a à faire et gère son emploi du temps comme il le souhaite. Si je dois finir un essai et partir a 21h, je le fais. A l’inverse, si j’ai un impératif, je quitte le chantier à 15h. Je suis basée à Lyon, mais je suis en déplacement sur toute la France chaque semaine. Cela me permet de voir du pays et de casser la routine !
Les relations avec les ingénieurs masculins sont cordiales, il faut agrder à l'esprit que sur une chantier les éventuels préjugés vis-à-vis des femmes s'effacent devant la compétence ! Contrairement à ce que l'on imagine parfois, j'ai toujours été bien accueillie sur les différents chantiers où j'ai travaillé.
J’essaie de rentrer les weekends à Lyon. Je suis en couple avec un ingénieur qui est également souvent en déplacement. C’est un choix que nous avons fait ensemble. J’ai beaucoup d’amis ingénieurs car je suis restée très soudée, même 10 ans plus tard, des mes amis d’école d’ingénieurs avec qui j’ai fait les 400 coups. Je fais également du football depuis l’université. Ce sport est salutaire pour moi et me permet de rompre avec le microcosme de l’ingénierie !
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