Le cerveau, dictateur des goûts musicaux

« Écoute cette chanson, tu vas l'adorer !»  Vous avez sûrement déjà entendu cette phrase de la part d’un de vos amis. Pourtant après l’écoute de la musique en question, le résultat n’est pas toujours à la hauteur de vos attentes, ceci pouvant notamment s'expliquer car il est très difficile d’identifier exactement les goûts musicaux d’une autre personne. Difficile, sauf si l’on se réfère à cette récente étude canadienne…

Une étude qui prédit les goûts musicaux

Il y a quelques semaines, l’Université McGill de Montréal a mené une étude analysant l’activité cérébrale d’un individu lors de l'écoute d’un extrait musical auparavant inconnu, et les facteurs induisant l’appréciation positive de cet extrait et la probabilité d’achat d’une telle musique.

Le déroulement de l’étude reste assez simple : un échantillon de participants a dû écouter une soixantaine d’extraits musicaux de 30 secondes jamais entendus, puis attribuer le montant qu’ils étaient susceptibles de dépenser pour chaque morceau, selon un système d’enchères.

Pendant l’écoute, les participants étaient également soumis à une imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) permettant d’observer l’activité du cerveau. Les résultats de l’étude ont montré, chez l’ensemble des participants, qu’une intense activité cérébrale, localisée au niveau du noyau accumbens, était synonyme d’attrait pour la musique écoutée et de prédispositions concernant l’achat de celle-ci. Les participants ayant fait preuve d’une activité très importante dans cette zone du cerveau, proposent, en effet, un montant d’argent plus important pour un morceau que lorsqu’aucune activité n’a été décelée.

Le fort taux d’informations échangées entre certaines régions du cerveau, également observé lors de cette étude permet de renforcer encore davantage cette observation.

La musique au cœur du « système de récompense »

Le métabolisme d’un être humain est fortement influencé par le système dit de « récompense » (ou de « gratification »). Le système de « récompense », fonctionne notamment par la libération de neurotransmetteurs tels que la dopamine. C’est un des moteurs de l’être humain car il permet d’une part de réguler les sensations de satisfaction et d’insatisfaction perpétuelles, et d’autre part, de renforcer certains comportements relatifs à la survie de l’être humain et de son espèce tels que le fait de se nourrir ou d’avoir des rapports sexuels. Or, la zone du noyau accumbens est précisément une des zones du cerveau où peuvent être observés les mécanismes liés à ce système de récompense.

Si l’on en croit les résultats de cette étude, la musique semble donc, elle aussi, figurer comme une des gratifications possibles. Ce constat permet également d’en déduire que le système de gratification ne concerne pas des principes exclusivement vitaux, mais également des concepts plus abstraits comme les réactions nerveuses vis-à-vis de l'écoute de compositions musicales.

Une même activité cérébrale mais des goûts différents !

Si l’activité cérébrale observée chez les différents individus se concentre sur les mêmes régions du cerveau, cela ne signifie pas pour autant que ceux-ci possèdent les mêmes goûts musicaux, au contraire !

Car les différences de goût se basent sur d’autres critères spécifiques. Parmi ceux-ci, on retrouve notamment la mémorisation bien particulière des sons, liée à l’attribution d’émotions pour chacun de ceux-ci, ainsi que les caractéristiques du cortex auditif, qui s’avère être unique pour chaque individu.

Nul doute, que cette étude, si elle pouvait être diffusée et appliquée à grande échelle intéresserait très fortement les Majors de la musique, ainsi que les services de recommandation musicale tels que Pandora, Last.fm ou encore Twitter Music...