14 Octobre 2013 | Romain Proton | 1 commentaires
Le salaire de Christopher Fry, vice-président senior en charge de l'ingénierie de Twitter, a été révélé aujourd'hui : plus de 10 millions de dollars annuels, juste derrière les 11.5 millions de dollars de Dick Costolo, le grand boss de Twitter. Christopher Fry est ainsi mieux payé que le directeur technique ou le directeur financier.
Bienvenue dans la Silicon Valley, où la pénurie de grands talents d'ingénierie au milieu de la croissance vertigineuse des capitaux des start-ups se traduit par des chèques gonflés à coups de millions de dollars.
Ces entreprises déploient des tactiques de plus en plus racoleuses pour attirer les ingénieurs talentueux – en plus des cantines gratuites, des blanchisseries et des navettes privées qui ont rendu le service des ressources humaines de Facebook et de Google célèbres.
Une start-up a même offert à un ingénieur particulièrement convoité un bail d'un an sur une berline Tesla, soit un coût supplémentaire de 1000$ mensuel pour l'entreprise, révèle l'entrepreneur Venky Ganesan dans Reuters.
Au sein de l'entreprise Hotel Tonight, qui propose des applications mobiles pour des réservations d'hôtels en last minute, le PDG Sam Shank a confié avoir déjà aménagé les locaux et préparé une petite mise en scène pour convaincre un profil avec un grand potentiel : pendant l'entretien, des employés jouaient au ping-pong dans l'open-space. Le candidat a signé le contrat et a depuis crée un des logiciels clés de l'entreprise.
Dans le cas de Christopher Fry, sa rémunération provient essentiellement de son portefeuille d'actions de l'entreprise, selon les documents publiés par Twitter lors de son entrée en Bourse. Il a un salaire mensuel de 145 513 $ et une prime de 100 000 $.
Mais pour certains, il peut être considéré comme sous-payé. Pour le poste équivalent chez Facebook, Mike Schroepter a pu compter sur 24,4 millions de dollars annuels, avec un salaire mensuel de 270 833 $ et une prime de 140 344 $. Facebook affiche cependant des revenus globaux dix fois plus importants que ceux de Twitter.
Bureaux Google - Google ©
D'après l'agence américaine de placement et de recrutement Grant, plus de trois quart des candidats pour des postes de direction dans les départements d'ingénierie placés ces deux dernières années ont des revenus annuels moyens de 250 000 $, et une grande partie bénéficient de primes de 1 % à 2 % sur les revenus de l'entreprise.
La forte demande pour ces ingénieurs s'explique en partie par le nombre croissant de start-up. Quelques 242 entreprises ont reçu des financements précoces en 2013, c'est plus que la totalité des créations d'entreprises sur l'année 2010.
Un autre facteur réside dans le degré de complexité de ces métiers. Dans la Silicon Valley, on parle « d'ingénieur x10 », autrement dit une personne assez talentueuse pour effectuer seule le travail de 10 ingénieurs compétents.
« Avoir un ingénieur x10 au sommet est le seul moyen d'attirer d'autres ingénieurs x10 », a déclaré Aileen Lee, fondateur de Cowboy Ventures, une nouvelle start-up qui a bénéficié de ces financements précoces.
Aujourd'hui, même les ingénieurs débutants peuvent toucher des salaires très lucratifs dans la vallée. Google a offert récemment 150 000 $ de salaire annuel ainsi que 250 000 $ sous la forme de stock-options pour obtenir un jeune diplômé de doctorat prometteur qui avait envisagé de travailler chez Apple.
Selon Dice, recruteur spécialisé dans les nouvelles technologies, un ingénieur logiciel gagne un salaire moyen de 100 049 $ dans la Silicon Valley. A titre de comparaison, le salaire moyen tout métiers confondus est de 66 070 $ à San Francisco.
Bureaux Facebook- Facebook©
Les entreprises peuvent parfois aller très loin pour attirer et garder les bonnes personnes. Apartment List, le moteur de recherche immobilier, loue un studio de batterie a temps plein pour garder un ses meilleurs ingénieurs.
L'exemple de flexibilité le plus connu reste Google, qui permet à ses ingénieurs de consacrer 20 % de leur temps à des projets personnels. Et ça en vaut largement la peine, d'après les cadres recruteurs du groupe.
Beaucoup d'ingénieurs talentueux apportent plus que de simples lignes de codes à leur entreprise, comme le montrent les profils éclectiques de la Silicon Valley.
Christopher Fry par exemple, a obtenu un doctorat en sciences cognitives à l'Université de Californie en 1998. C'est un surfeur, un marin et un snowboarder, d'après son site personnel. Et une coïncidence heureuse pour Twitter, dont la mascotte est un petit oiseau bleu, il détient aussi une expertise aviaire, son stage post-doctorat était centré sur l'étude du cortex des mandarins.
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